Le vélocipède, désormais appelé vélo, est apparu en 1818. Ce fut une révolution au niveau des moyens de transport pour cette époque. Cette invention n’a pas uniquement transformé le domaine du transport, mais le vélo a facilité la vie de nombreuses femmes, souvent habituées à rester à la maison.
Un symbole d’indépendance
Le vélo fait sa première apparition en Europe dans les années 1860. Ce sont principalement les hommes aisés qui ont accès à ce privilège. Leurs femmes, de par leurs tenues extravagantes n’utilisaient pas le vélo qu’elles jugeaient dangereux et impraticable. Ce moyen de transport, très coûteux à l'époque, n'était donc pas accessible à toutes les classes sociales. Ce fut, dans les premières années de cette invention, le symbole de l’élégance ainsi que de la modernité.
Dans les années 1870, les femmes gagnent en indépendance grâce aux suffragettes et ont pour la première fois l’occasion d’utiliser un moyen de transport individuel.
Aux États-Unis, les manufacturiers de vélos commencent à créer des modèles pour femmes. Et dès 1849, Amélia Bloomer et Elizabeth Stanton, deux suffragettes, prêchent contre les jupes encombrantes. Elles développent le boomer, un pantalon bouffant, qui deviendra à la fin du 19e siècle le costume des clubs cyclistes féminins. En France, dès 1868, on rencontre des femmes à vélo, portant également une sorte de pantalon bouffant à dentelles, jugé plutôt osé à l’époque.
Le vélo est-il mauvais pour la santé ?
Ce n’est pas un secret, à l’époque, les hommes craignaient que le vélo éloigne les femmes de leur devoir conjugal. De nombreuses théories ont commencé à émerger tel qu’un soi-disant danger pour leur santé.
Plusieurs médecins se penchent alors sur cette supposition mais cela n’empêchera pas les femmes d’utiliser ce moyen de transport, qui leur offre alors une certaine liberté. Les recherches scientifiques à ce sujet finiront par être abandonnées.
Le vélo, désormais accessible à tous
Dès les années 1880, le vélo n’est plus réservé aux familles aisées. En effet, entre 1880 et 1890, le prix des deux-roues diminue considérablement. Ce qui le rend accessible à toutes les classes sociales, son usage se répand donc très rapidement. Pour s’adapter aux femmes cyclistes, les fabricants de vélos développent des modèles avec cadre bas.
Avec le vélo, les femmes ont gagné le droit de se déplacer où et avec qui elles le souhaitent. Parallèlement, quelques années après, le droit de vote des femmes reconnaissait leurs capacités mentales. Mais le droit de pédaler librement a donné aux femmes une liberté bien plus palpable, utilisée au quotidien.
Finalement, il aura fallu attendre 1984, aux Jeux olympiques à Los Angeles pour que les femmes soient autorisées à participer aux compétitions de cyclisme.
Susan B. Anthony, une suffragette américaine a affirmé :
« La bicyclette a fait plus pour l’émancipation des femmes que n’importe quelle autre chose au monde. »
De nos jours...
Actuellement, en Europe et dans les pays développés, le cyclisme est devenu un moyen de transport indispensable pour les femmes. En deux siècles, le vélo à connu de nombreuses améliorations qui ont nettement contribué à l’émancipation de la femme.
Qu’en est-il des pays plus pauvres, dans lesquels les femmes sont encore assignées à domicile ?
En Afghanistan par exemple, il est mal vu pour une femme de faire du vélo, et ce pour deux raison : la première se rapporte à la virginité et à l’honneur, la deuxième à l’indépendance et à la mobilité.
Le sport, et le vélo en particulier, est considéré comme une activité portant atteinte à l’honneur des femmes, non seulement parce que le pratiquer est jugé immoral, mais aussi parce que cela entraîne la perte de l’hymen. Si, en Occident, ce problème n’est pas préoccupant pour les jeunes filles, cette question est très préoccupante dans un pays où des tests de virginité sont encore réalisés comme preuve d’honneur.
Dans les années 2000, des groupes de femmes cyclistes ont été créés, contre l’avis des hommes, et de nombreuses filles font du vélo à la tombée de la nuit ou habillées en garçon.
Une équipe nationale de cyclisme féminin a été créée quelques années plus tard, même si elle n’a pas encore les mêmes perspectives que l’équipe masculine, il s’agit d’une avancée dans ce pays. De nombreux groupes de filles cyclistes s’en inspirent et s’entraident.
Il a fallu une génération d’Américaines et d’Européennes à vélo pour surmonter les obstacles liés aux préjugés. Il leur a fallu près d’un siècle pour être acceptées en tant que cyclistes professionnelles au même titre que les cyclistes masculins. Ce ne sont pas des réalisations d’un ou de cinq ans qui changeront la situation. Il faut compter une génération pour que de véritables changements émergent. Les Afghanes qui pratiquent le vélo aujourd’hui le font pour l’émancipation des femmes de demain. Il faudra des décennies pour que la pratique du vélo soit accessible à toutes les filles, mais, à chaque coup de pédale, elles revendiquent leurs droits et inspirent d’autres à en faire autant.
Sources :
https://www.un.org/fr/chronicle/article/la-liberation-des-femmes-par-le-velo
https://cyclonordsud.org/mission/la-liberation-des-femmes-par-le-velo/
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